L’Australienne Sam Kerr, l’une des meilleures joueuses du monde, a fait couler beaucoup d’encre en signant à Chelsea en novembre dernier. Après avoir éclaboussé le championnat des Etats-Unis de son talent, la joueuse espère conquérir l’Europe.
C’est sans doute le transfert le plus médiatisé de toute l’histoire du football féminin. Lorsque l’Australienne Sam Kerr a rejoint le club londonien de Chelsea en novembre dernier, même Le Monde l’a annoncé. Preuve de la grande popularité de l’attaquante et de l’impact de son transfert dans le monde du football féminin. Le journal parle alors d’un salaire évalué à plus de 467 000 livres (545 000 euros), d’après une estimation du quotidien Sydney Morning. Ce qui constitue là aussi un chiffre frappant et en fait la joueuse la mieux payée au monde.
Cinquième du ballon d’or 2018 et 7e l’année suivante, Sam Kerr est une footballeuse incontournable. Elle a signé un contrat avec Nike pour un montant d’un million de dollars. Une somme très rare dans le sport féminin. Et pourtant, la capitaine de l’Australie a longuement hésité à se mettre au football. Son père, Roger Kerr, était un joueur de football australien, qui se pratique avec un ballon ovale et des règles différentes du football. Et Sam a également un frère, Daniel, qui a remporté l’Australian Football League.
Très vite vers les sommets
Sam Kerr s’est tournée vers le football uniquement parce que cette première discipline était devenue impossible pour elle, qui a longtemps évolué dans des équipes mixtes de football australien. Le site SoFoot également s’est penché sur le cas de cette idole qui désirait pratiquer un autre sport. « Au début, j’ai insisté dans le football parce que j’étais finalement assez bonne, mais je ne l’ai jamais vraiment aimé. Je n’ai jamais eu une balle de football près de la maison lorsque j’étais enfant ». la jeune Australienne est un phénomène et sa carrière va vite décoller. Alors qu’elle a 13 ans, un attaquant de Perth Glory la remarque et souligne ses capacités « exceptionnelles. »
« Je n’ai pris ce sport sérieusement qu’à partir de mes 18 ans », concède l’attaquante dans une récente publicité pour Nike. Alors qu’elle est âgée de 15 ans, elle dispute sa première saison professionnelle… et est élue meilleure joueuse de la W-League, le championnat australien. Ce qui lui permet également d’être appelée avec la sélection australienne.
Nous sommes alors en 2010, mais l’événement n’est pas marquant pour les Kerr : « Aucun des membres de ma famille n’est venu me voir. Je leur ai dit de ne pas venir ». Dotée de formidables capacités, la jeune femme empile les buts et s’envole pour les États-Unis en 2013. Elle jouera là-bas pour trois clubs consécutivement, les Flash Western de New York puis Sky Blue avant d’évoluer avec les Red Stars de Chicago dans deux saisons très prolifiques, avec 34 buts inscrits en 40 matchs.
« C’était probablement le pire moment de ma carrière et en même temps un des moments les plus excitants de ma vie. »
Sam Kerr, revenant sur sa blessure et le soutien apporté par Nikki Stanton, qui deviendra sa compagne.
Sam Kerr s’est gravement blessée au genou, lorsqu’elle avait 18 ans, en se rompant les ligaments croisés. Elle a alors pu compter sur le soutien de Nikki Stanton, qui a été par la suite sa coéquipière et partage désormais sa vie. Nikki Stanton a notamment joué en France trois semaines au sein du club d’Evian-Thonon-Gaillard Ambilly, grâce au programme Play Football Abroad.
La capitaine des Matildas, surnom de la sélection australienne, a marqué 42 buts en 88 matchs pour son pays. « A seulement 25 ans, elle est très mature et elle essaye de transmettre tout ce qu’elle peut à la génération suivante », souligne son entraîneur Bobby Despotovski. Attaquante complète, Sam Kerr, véritable leader de son équipe, est reconnue pour sa pugnacité, son art du pressing souvent payant, son jeu de tête ou ses frappes croisées. Et également pour ses célébrations acrobatiques !
Un festival au mondial
Le 18 juin dernier, elle s’est illustrée par un formidable quadruplé face à la Jamaïque, dans un match que son équipe devait impérativement gagner pour se qualifier pour les huitièmes de finale. Deux buts du pied, deux de la tête et une prestation symbolique de son sens unique du placement et de ses qualités athlétiques. Sa troisième participation à une coupe du monde aura été celle de l’affirmation d’une joueuse de talent.
En tout, Sam Kerr a inscrit 5 buts en 4 matchs et est devenue ce 18 juin la première Australienne à marquer trois buts dans un match de coupe du monde. « Ce sera quelque chose que je pourrai raconter à mes enfants », confiait en souriant la capitaine au moment de recevoir son trophée de joueuse de la rencontre. Même si l’Australie n’a pas passé le cap des huitièmes de finale, Sam Kerr a réalisé un grand tournoi.
Elle collectionne les records et les récompenses et a été nommée en 2017, « personnalité sportive de l’année de l’ABC », l’Australian Broadcasting Corporation, diffuseur national de télévision. L’année suivante, elle est même nommée jeune australienne de l’année. Si la fédération australienne a mis en place un salaire minimum égal pour les hommes et les femmes, elle n’y est pas pour rien. « L’écart salarial entre hommes et femmes au sein du football doit vraiment se réduire. Nous ne réclamons pas d’être payées des dizaines de millions de dollars comme nos collègues masculins, mais seulement d’être rémunérées correctement et équitablement au regard de la quantité de travail et d’investissement que nous mettons dans notre sport », avait affirmé en 2018 la star australienne.
Place à la suite : Le 5 janvier, pour ses débuts avec les Blues, Sam Kerr a participé à la construction de deux buts dans la victoire de Chelsea 3-1 contre Reading. Puis c’est de la tête, le 19 janvier, que la buteuse a trouvé le chemin des filets pour la première fois avec son nouveau club, face au rival d’Arsenal. Idéalement positionnée en soutien de l’avant centre ou en buteuse, Sam Kerr espère conduire son club vers un retour en Ligue des Championnes dès cette saison.
Elle cherchera maintenant à s’imposer sur le vieux continent, après avoir terminé meilleure buteuse de la National Women’s football league en 2017, 2018 et 2019. Et si elle est déjà la joueuse qui cumule le plus de réalisations de l’histoire des championnats nord-américain et australien, Sam Kerr a seulement 26 ans et est promise à un avenir brillant.
Jérôme Flury