Stéphanie Frappart est entrée dans la légende en devenant la première femme à arbitrer un match de Ligue des champions masculin ce mercredi (Juventus-Kiev). L’occasion de revenir sur une carrière jalonnée de records.
8 août 2014 : Première femme à arbitrer en Ligue 2
Stéphanie Frappart était arbitre depuis près de 13 ans lorsqu’elle a appris la bonne nouvelle, la première d’une longue série. Elle est désignée pour arbitrer un match professionnel en Ligue 2. C’est la première fois qu’une femme se hisse à ce stade de la compétition en France. Elle officie donc le vendredi 8 août 2014 dès la deuxième journée de championnat. Une consécration pour celle qui a fait ses preuves sur les terrains de National pendant trois ans jusqu’à être élue quatrième meilleur arbitre à ce niveau. La rencontre entre Niort et Brest au stade René Gaillard n’aura pas fait lever les foules (0-0) mais l’histoire s’est écrite autrement, avec le sifflet de Frappart.
28 avril 2019 : Première femme à arbitrer en Ligue 1
Stéphanie Frappart fait ses galons en deuxième division pendant cinq longues années. En 2019, elle coche enfin toutes les cases pour franchir une nouvelle étape. C’est donc tout logiquement qu’elle est nommée arbitre principal d’un match de Ligue 1. Une grande première pour une arbitre, Nelly Viennot ayant été cantonnée au rôle d’assistante pendant dix ans dans l’élite. La Française dirige la rencontre entre Amiens et Strasbourg le 28 avril 2019. Une nouvelle opposition bien terne qui se termine sur un score nul et vierge mais lors de laquelle elle donne pleine satisfaction.
7 juillet 2019 : le graal mondial
La Francilienne ne s’est pas contentée de briller sur la scène nationale. En 2015, elle dispute deux matches de Coupe du monde féminine au Canada avant d’arbitrer la finale du tournoi U20 en 2018. L’été d’après, Stéphanie Frappart confirme tous les espoirs placés en elle en réalisant des Mondiaux féminins de très bonne facture en France. C’est simple : elle a été la meilleure arbitre de la compétition. Et c’est elle qui a été choisie pour tenir le sifflet en finale. À défaut de voir les Bleues jouer le titre, le pays se consolera par la présence de la trentenaire. Le sacre des Etats-Unis (2-0) contre les Pays-Bas s’est donc déroulé sous sa direction.
À lire aussi : Stéphanie Frappart, arbitre d’élite
14 août 2019 : première femme à arbitrer en Supercoupe d’Europe
« Nous devons prouver physiquement, techniquement et tactiquement que nous sommes les mêmes que les hommes. Je n’ai pas peur de ça. Rien ne change pour moi ». Nouvelle étape et même plénitude pour la Française. Stéphanie Frappart venait tout juste d’être désignée pour encadrer le match de Supercoupe d’Europe entre Liverpool, vainqueur de la Ligue des Champions, et Chelsea, lauréat de la Ligue Europa. Encore une fois, elle est la première femme à officier lors d’une rencontre masculine majeure.
À l’issue de la partie, Jurgen Klopp s’est voulu dithyrambique à son égard : « Je leur ai dit après le match que si nous avions joué comme elles ont officié, nous aurions gagné 6-0. Elles ont fait un bon match. Elles étaient vraiment très bonnes. Il y avait tellement de pression pour ce moment historique… Elles sont restées calmes et ont fait ce qu’elles avaient à faire. Je ne pourrais pas avoir plus de respect pour Stéphanie Frappart. »
9 novembre 2019 : un match amical historique à Wembley
Ce jour-là, ce n’est pas Stéphanie Frappart qui a écrit l’histoire. Mais elle en a été un témoin privilégié. L’Angleterre reçoit l’Allemagne à l’occasion d’un match amical de prestige. 90 000 personnes sont attendues et le record d’affluence pour un match de foot féminin est sur le point d’être battu. Devinez quelle arbitre est choisie ? la Tricolore, évidemment. Au final, 77 768 spectateurs ont assisté à la victoire de l’Allemagne (2-1). Ce qui constitue un record pour un match des « Lionesses » sur leur territoire. La jauge absolue demeure la finale du Mondial 1999 opposant les Américaines à la Chine où 90 185 fans s’étaient réunis dans la Rose Bowl de Pasadena, en Californie.
25 novembre 2019 : des distinctions à la pelle
L’année 2019 n’aurait pas pu se finir de meilleure manière pour la native d’Herblay-sur-Seine dans le Val-d’Oise. La Fédération internationale de l’histoire du football et de la statistique (IFFHS) l’a désignée meilleure arbitre féminine du monde. « Frappart est entrée dans une nouvelle ère », saluait l’IFFHS. Cette distinction est venue couronner l’année de tous les records.
Quelques jours après, elle reçoit un nouvel honneur, purement français. Elle figure parmi les 989 personnes nommées chevalier du Mérite national. Une décoration qui vient féliciter son engagement dans la promotion du foot féminin et dans la lutte contre les violences dans le sport.
6 septembre 2020 : première femme à arbitrer une rencontre internationale de football masculin
L’année 2019 étant à son crépuscule, on se demandait quelle barrière Stéphanie Frappart allait bien pouvoir exploser. La réponse est vite arrivée. Dès le début de la saison 2020, les instances la positionne sur un match de Ligue des nations : Malte-Lettonie (1-1). L’affiche n’est pas la plus alléchante du plateau mais jamais une femme n’avait arbitré une joute officielle de football international masculin. Elle enchaîne ensuite avec ses deux premiers matches en Ligue Europa. Plus rien ne semble pouvoir l’arrêter.
2 décembre 2020 : première femme à l’assaut de la Ligue des champions
Du haut de son 1,64 m et des 54 kg, elle tutoie désormais les firmaments du football mondial. Ce mercredi soir, elle a accroché une nouvelle étoile à sa constellation de premières. Stéphanie Frappart est devenue la seule arbitre féminine à diriger un match de Ligue des champions masculin. Cette fois-ci, elle n’a pas hérité d’un match quelconque mais d’une affiche intéressante : Juventus – Dynamo Kiev. Son baptême du feu s’est donc effectué dans un stade mythique, le Juventus Stadium et lors d’une victoire nette et sans bavure (3-0) de la Vieille Dame. Frappart aura également eu le privilège d’assister au 750e but d’une légende vivante de ce sport : Cristiano Ronaldo.
Mickaël Duché
Crédits photo : Philippe Mayen (FFF).