La rencontre de foot masculin entre Tottenham et Manchester United a été censurée dimanche dernier par la télévision nationale d’Iran qui ne voulait pas montrer les jambes nues de l’arbitre assistante Sian Massey-Ellis.
L’Anglaise Sian Massey-Ellis a officié en tant qu’arbitre assistante lors de la victoire 3-1 de Manchester United sur la pelouse de Tottenham dimanche en Premier League. À l’instar de la quasi-totalité des arbitres dans pareil cas, Massey-Ellis a porté un short pendant la rencontre. Cette situation tout à fait ordinaire dans le monde du football a provoqué une polémique en Iran.
La chaîne de télévision nationale qui diffusait la rencontre s’est sentie obligée de couper tous les plans montrant Massey-Ellis pour éviter aux téléspectateurs de voir ses jambes nues. Selon le Daily Mail, la télévision d’État préférait proposer des images aériennes du stade ou des joueurs des Spurs à chaque fois que l’arbitre de touche passait à l’écran. Soit une bonne centaine de fois.
Le match tourné en « dérision »
Le journal britannique a ensuite cité le groupe My Stealthy Freedom qui fait campagne contre les discriminations de genre en Iran : « Les censeurs ont été secoués par la présence d’une arbitre en short. Leur solution a été de couper les images par des plans des ruelles de Londres. Ce qui a tourné le match en dérision ».
Et d’ajouter : « À la fin de la rencontre, un commentateur a plaisanté en disant qu’il espérait que les téléspectateurs aient apprécié l’émission géographique. La censure fait partie de l’ADN de la République islamique d’Iran. Nous ne devons pas normaliser cette pratique. Ce n’est pas notre culture. C’est l’idéologie d’un régime répressif ».
Plus de deux ans après la mort de Sahar Khodayari
Sahar Khodayari, connue sous le nom de Blue Girl, s’était immolée par le feu le 2 septembre 2019 devant le tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran afin de protester contre une peine de 6 mois de prison. Son tord à l’époque : s’être déguisée en homme pour pénétrer dans le stade Azadi et ainsi supporter l’Esteghlal Téhéran Football Club. Les femmes étaient interdites dans les enceintes sportives.
Sa disparition avait entrainé une prise de conscience au sein de la diaspora iranienne et de la communauté internationale. La FIFA était montée au créneau par l’intermédiaire de son président Gianni Infantino. Les dirigeants iraniens avaient alors ouvert la billetterie aux femmes pour la rencontre amicale qui opposait l’Iran et le Cambodge quelques semaines plus tard.
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Ces dernières n’avaient eu accès qu’à 4000 billets sur les 80 000 disponibles mais le geste était symbolique et l’avancée historique. La censure de Sian Massey-Ellis lors de Tottenham-United est venue rappeler avec violence que ce signe d’ouverture n’a pas été suivi des effets escomptés en Iran. Le chemin est encore long.
Mickaël Duché
Photo © Capture d’écran Sky Sport