Bon, j’ai beau ne plus être un enfant, j’ai décidé de me lancer dans la collection de stickers Panini lancée à l’occasion de la coupe du monde. Les collections d’autocollants de joueuses de football sont encore rares. Et j’ai rapidement découvert que les buralistes ne sont pas encore complètement au courant.
Elle ne va pas être simple à finir cette collection. Comme toutes celles du genre, certes, qui sont d’ailleurs de sacrés attrapes-nigauds mais que l’on fait quand même, pour passer le temps, pour le plaisir de compléter un album, pour la surprise de découvrir les vignettes. Mais il est encore plus compliqué de compléter une collection d’autocollants sur une compétition sportive féminine. Les images sont parfois difficiles à trouver. Et ceux qui en ont ne savent parfois même pas ce qu’ils vendent.
Demandez à un vendeur de journaux des vignettes des joueurs de Ligue 1, la réponse sera invariablement la même : « Combien de pochettes ? » Parce que tout le monde en vend. Les albums Panini ont construit leur légende en grande partie grâce au football et à chaque saison son album, depuis de nombreuses années. L’entreprise est d’ailleurs devenue célèbre dans les années 1960 pour ses collections sur ce sport. Le premier album consacré au ballon rond en France date de 1976 et était consacré à la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Le succès fut immédiat.
Pas livrés, mal informés
Pour le football féminin, il a fallu attendre 2011 et la coupe du monde allemande pour voir des vignettes des joueuses en vente. Une énorme réussite que n’avait pas planifié le fabricant italien, qui a du reproduire des images devant la forte demande. La démarche a été renouvelée en 2015 puis cette année. Cependant, les vignettes sont difficiles à trouver. « Ils ont vendus des albums, mais pour les pochettes, c’est à croire qu’ils ont mal prévu leur coup », me confie un vendeur de journaux normand qui attend toujours sa commande réalisée en amont du tournoi. Les autocollants sont très rarement vendus en grande surface et dans les magasins spécialisés. Tous n’ont pas jugé pertinent d’en commander. « Je n’en vends pas, non », m’annonce un buraliste de Strasbourg qui a pourtant de multiples collections Panini en vitrine.
« Ah c’est ça ! Désolé, il faut croire que je ne sais même pas ce que je vends. »
Une vendeuse de presse alors que je lui montre la boîte de vignettes Panini située derrière sa caisse.
Le plus surprenant toutefois se trouve chez d’autres vendeurs. Ceux qui ont les autocollants… Sans être au courant. Ce qui provoque certains moments parfois perturbants. « Bonjour, avez-vous des stickers du mondial féminin de football ? – Des stickers de quoi ? Ça ne me dit rien. » Que les gens ne soient pas informés qu’il y ait une coupe du monde de football féminin cet été, passe. Qu’ils ne sachent pas que cette compétition se déroule dans notre pays, bon, passe encore. Mais qu’ils ne soient pas au courant de tout ça… Alors qu’ils ont une boite « Panini Coupe du Monde 2019 » sur le comptoir… Là je reste songeur. « C’est ça en fait », ais-je indiqué plus d’une fois au vendeur ou à la vendeuse. L’une d’entre elle m’a répondu, surprise : « Ah c’est ça ! Désolé, il faut croire que je ne sais même pas ce que je vends ».
Et le phénomène n’est pas arrivé qu’une fois. Un autre vendeur qui avait ses collections de vignettes derrière le comptoir n’arrivait pas à voir quelle boite je lui indiquais. Au final je laisse tomber l’indication visuelle. Décrivons l’objet. « C’est cette boite là, avec l’oiseau jaune. Il s’agit de la mascotte de la compétition ». « Ah bon ! je croyais que c’était des Pokémon ! » Priceless. Marta ou Megan Rapinoe, si vous me lisez…
Prix (très) élevé
Bon, toujours est-il que je suis donc bien en retard, avec à ce jour un peu plus de la moitié des précieuses images collées dans mon album. Un autre problème a émergé assez rapidement. La facture de cette passion. Qui est sans cesse plus élevée, inflation ou non ! Alors que des critiques ont émergé ces dernières années sur le coût nécessaire pour remplir un album, Panini n’a cessé d’augmenter le prix de ses autocollants. De 0,60 les 5, le prix a grimpé à 0,70 et est actuellement de 0,90 pour ceux du mondial féminin. Un tarif réellement exorbitant. Un autocollant vaut donc 18 centimes. Mais bon, pas de regret. Je garderai longtemps mon album souvenir de ce merveilleux mois de compétition en France. Complet ou non. Et puis qui sait, peut-être qu’à la prochaine coupe du monde, les vendeurs d’autocollants seront un peu plus au courant ! Si déjà ils apprennent que Pokémon ce sont plutôt des cartes, on devrait pouvoir un peu avancer.
Jérôme Flury