Le pays semble s’installer sur le devant de la scène du football féminin et les principaux clubs du pays se sont renforcés alors que la sélection réalisait un parcours honnête en coupe du monde. Les Espagnoles rêvent des sommets.
Certes la finale a tourné à sens unique. Mais en mai dernier, Barcelone créait un petit événement en prenant part à la finale de ligue des championnes face à l’Olympique Lyonnais. Pas de club allemand ou anglais, mais un Barça qui découvrait les sommets européens pour la première fois de son histoire. Une excellente nouvelle pour le championnat espagnol, dont le champion, l’Atletico, espère également aller au bout de la prestigieuse compétition continentale.
Un mercato pertinent
Pour atteindre ses objectifs ambitieux, l’Atletico s’est renforcé cet été, avec l’ancienne Montpelliéraine Virginia Torrecilla, la buteuse anglaise Toni Duggan et celle qui a terminé meilleure gardienne du mondial, la néerlandaise Sari van Veenendaal, auparavant à Arsenal. Et en tout ce sont une petite dizaine de recrues qui sont arrivées dans le club où évolue la Française Aissatou Tounkara.
Les autres clubs ne sont pas restés attentistes, et le FC Barcelone de Kheira Hamraoui a accueilli Caroline Graham Hansen et Jennifer Hermoso notamment, tandis que le Bétis Séville recrutait plusieurs joueuses en France, dont Méline Gérard, et que le Madrid CFF, maintenu de peu la saison passée, attirait Marie-Laure Delie pour un nouveau défi. Les mouvements ont de manière générale été nombreux dans ce championnat.
Un championnat solide
Le championnat espagnol est également très intéressant, avec de belles oppositions. Bien sûr, le principal duel concerne l’Atletico et le FC Barcelone, deux équipes prestigieuses également sur la scène continentale. Cependant, d’autres équipes, comme la Real Sociedad, victorieuse en Coupe de la Reine, Levante UD, 3e la saison passée ou l’Athletic Bilbao, 3e en 2018, sont ambitieux. De plus, l’événement de cette nouvelle saison est l’arrivée du Real Madrid, qui a racheté la place du CD Tacon (qui conservera ce nom cette saison). L’immense structure madrilène a décidé de se lancer dans le football féminin et a attiré de grands noms pour ses débuts, dont les Suédoises Sofia Jakobsson et Kosovare Asllani, ou encore Kathellen Sousa, ex-bordelaise.
Une sélection nationale compétitive
Par ailleurs, la progression du championnat se retrouve également dans les performances affichées par la Roja. La sélection nationale progresse ces dernières années et a réalisé un mondial intéressant, malgré son élimination en huitièmes de finale. Classée au 20e rang Fifa entre 2003 et 2010, l’Espagne a terminé à sa meilleure position en 2018, à la 12e place. Sa victoire compliquée face à l’Afrique du Sud et son nul sans but contre la Chine ne parlent pas en leur faveur, mais les Espagnoles ne se sont inclinées que de peu face à l’Allemagne et surtout face aux futures championnes du monde américaines. Une preuve de plus que cette sélection est désormais à prendre au sérieux.
Un intérêt croissant
Enfin, dernier point important dans le développement du football espagnol, l’intérêt grandissant du public. Au contraire des stades français parfois peu remplis, certaines affiches du championnat d’Espagne attirent des spectateurs nombreux. En témoigne les records successifs établis début 2019, d’abord pour le match de Coupe de la Reine le 30 janvier, avec 48 121 spectateurs pour Athletic Bilbao – Atletico Madrid, avant que la meilleure marque mondiale d’affluence pour une rencontre de championnat entre deux club soit battue le 17 mars, avec 60 000 personnes au Wanda Metropolitano de Madrid. Des nombres impressionnants.
Comme le souligne Julien Absalon, de RMC Sport : « En coulisses et en matière d’organisation, les instances dirigeantes ont accentué leurs efforts pour donner de la visibilité au championnat féminin et encourager les retransmissions. » Des budgets qui augmentent, des sections qui se développent et un public qui en redemande : le football féminin n’en est peut-être qu’à ses débuts en Espagne.
Jérôme Flury