Défenseure internationale Suédoise et capitaine de Chelsea féminin, Magdalena Eriksson a décidé de prendre la parole en publiant une opinion destinée à la FIFA et demandant aux instances d’être vigilantes sur les pressions pesant sur les joueuses.
C’est une prise de parole plutôt rare mais les joueuses nordiques n’hésitent jamais à lever la voix. Dans une tribune publiée le 21 décembre sur le site Inews, la capitaine de Chelsea Magdalena Eriksson se montre claire. « Il y a tout simplement trop de football et cela commence à nuire aux joueuses comme moi », titre l’internationale suédoise de 29 ans.
Les joueuses non consultées
« Je suis préoccupée par le fait que la Fifa a étendu sa Coupe du monde des clubs sans consulter les joueuses, après avoir constaté l’augmentation des pressions physique et mentale sur moi-même et d’autres professionnelles », avance la joueuse. « Je me demande où le bien-être des joueuses se situe parmi les priorités de la Fifa. »
Le problème n’est pas tant de développer des concepts et des compétitions. Mais pour Eriksson, il se trouve dans l’absence de consultation des syndicats de joueuses. Ce qui scandalise tout bonnement la défenseure, alertée par les blessures graves à répétition au plus haut niveau ces derniers temps. Dont celle de sa compagne Pernille Harder.
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« Si Chelsea remportait la Ligue des championnes, j’adorerais avoir la chance d’affronter les meilleures équipes des autres continents. Je peux également réaliser l’avantage de rendre le jeu moins eurocentrique. Mais il faut d’abord en parler au syndicat des joueuses. »
Un poids mental éprouvant
Dans ce texte très personnel, l’internationale suédoise met en garde sur les pressions subies par les joueuses. Physiques avec l’accumulation de matchs. Mais aussi mentales avec les attentes de plus en plus élevées. Finaliste des Jeux Olympiques, elle a souffert de l’élimination sèche 4-0 en demi-finale du dernier Euro face à l’Angleterre.
« Émotionnellement, cela a été très dur. Pendant trois jours, je me suis allongée sur un transat et j’ai essayé de lire un livre, mais je n’arrivais pas à me concentrer sur les lettres. » Malgré son immense expérience haute de plus de 300 matchs professionnels, Magdalena Eriksson reste comme toute joueuse un être humain. Capable de connaître des passages compliqués. Ou de ressentir des gênes physiques quand son corps demande une pause.
« Nous avons tant de choses à améliorer en ce qui concerne la connaissance du corps féminin. »
« Ce n’est pas juste une question de Fifa. Nous avons tellement de choses à améliorer en ce qui concerne la connaissance du corps et de la récupération physique des femmes », détaille la défenseure. « Le fait que toutes les recherches aient été menées sur des corps d’hommes n’aide pas. »
Poursuivant son développement, la Suédoise avance des arguments pertinents, questionnant par exemple la date tardive du prochain Mondial féminin (20 juillet – 20 août). Ce n’est pas avant le tournoi que les joueuses auront le plus besoin de récupérer. « C’est après que vous avez besoin d’une pause et (…) je ne pense pas que deux semaines soient suffisantes. »
Alors que de terribles blessures se succèdent dans le championnat anglais dernièrement, Beth Mead (Arsenal) a également demandé il y a peu qu’une étude soit menée pour comprendre pourquoi les ruptures des ligaments croisés sont si nombreuses chez les joueuses actuellement. Elle et Vivianne Miedema, toutes deux souffrant de cette blessure, se tiennent « disponibles » si elles peuvent aider la recherche.
Jérôme Flury
Photo ©Magdalena Eriksson