Le directeur général de Saint-Malo, Fabrice Rolland, s’insurge contre l’arrêt de la D2 féminine acté par le gouvernement jeudi. Il déplore un arbitrage « incompréhensible » et questionne ce revirement de situation alors que la Fédération avait donné son accord quinze jours plus tôt. Saint-Malo, troisième du groupe A avec un petit point de retard sur Nantes et Orléans, jouait la montée dans l’Élite.
Quel est votre sentiment après avoir appris l’arrêt des championnats amateurs et donc de la D2 féminine ?
Ce sont les montagnes russes en terme d’émotions. D’abord l’extrême joie de l’ensemble du groupe il y a deux semaines, puis la douche froide aujourd’hui (jeudi ndlr). C’est une décision pas très bornée en plus, on ne connaît pas très bien les détails. Comment on peut accorder il y a quinze jours une reprise programmée au 18 avril et changer d’avis alors que c’est encore dans un petit moment ? Il y a plusieurs centaines de joueuses, de nombreuses professionnelles dans le championnat, c’est quelque chose qui n’a pas changé en deux semaines.
Quel impact cette annulation peut-elle avoir sur votre club ?
Nous sommes complètement en première ligne sur ces décisions puisque notre équipe masculine est en N2 (ce championnat est également concernée par l’annonce gouvernementale de jeudi ndlr) et nos féminines en D2. Cette décision cause beaucoup d’amertume et de questionnements. La décision initiale de faire reprendre la D2 semblait être une reconnaissance sous-jacente de notre championnat et on se la fait retirer. Cela nous interpelle, nous révolte même.
Le gouvernement a évoqué la situation sanitaire pour justifier son choix, comprenez-vous leurs arguments ?
La décision de reprise de la D2 était en pleine connaissance du contexte. Le protocole sanitaire acté est strict, ce sont des procédures auxquelles on se conforme. L’argument sanitaire seul ne semble pas tenir…
« La Fédération ne semble pas avoir été complètement concertée »
C’est vraiment regrettable dans le sens où cette reprise de la D2 était quelque part la reconnaissance de l’accession à la professionnalisation du championnat. La Fédération ne semble pas avoir été complètement concertée. On parle de 24 clubs en D2, cela ne comprend que douze matches par weekend… Cette annulation est incompréhensible.
La saison était censée recommencer le 18 avril, soit six mois après la première interruption. Dans quelle phase étaient les joueuses ?
Les filles sont au rendez-vous depuis des mois avec l’objectif d’être prêtes le jour où ça redémarre. Nous travaillons depuis des mois avec le “collectif des 14” (les 14 clubs amateurs de D1 et D2 ndlr). Nous considérions cette reprise comme une vraie victoire. De notre côté, en plus, c’est un véritable challenge sportif puisque nous sommes bien classées et que nous nous apprêtions à disputer de belles affiches contre Nantes, Metz et Saint-Maur.
Vous attendiez-vous à un tel revirement de situation ?
Honnêtement, on n’aurait jamais imaginé un tel retournement. On aurait presque préféré qu’ils disent non au départ. On aurait continué à se battre. Là, on avait le sentiment que c’était bon. On jouait le jeu, on se passait des infos pratiques entre clubs concernant les dispositifs sanitaires. La responsabilisation était grande. Cela n’a pas suffi.
« On a découvert ça hier à partir de rumeurs seulement »
C’est quand même un manque de considération. Nous avons juste un communiqué pour le moment concernant la suspension des matchs amicaux. On a découvert ça hier à partir de rumeurs seulement. J’ai ensuite appelé le coach pour en parler… Que les informations circulent de cette manière-là aussi, ce n’est pas terrible.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo © E.Chauffaut – USSM