Dans un entretien accordé à l’AFP, la Française de West Ham, Kenza Dali, revient sur la progression fulgurante du football féminin outre-Manche à la veille du match amical entre l’équipe de France et l’Angleterre. L’internationale tricolore évolue dans le championnat anglais depuis 2019.
Près de deux ans après votre arrivée en Angleterre, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce Championnat ?
C’est un football basé énormément sur le physique et on ressent vraiment la différence d’intensité en match ou à l’entraînement. Tous les jours, on commence nos journées par une séance vidéo. Il y a aussi beaucoup plus de musculation. En France, j’avais l’habitude de faire deux séances par semaine, en Angleterre c’est quatre.
Le jeu est basé énormément sur les qualités physiques, car on met l’accent sur le « box to box » alors qu’en France, on joue un peu plus en possession. Cela fait qu’on court beaucoup plus. Ma moyenne de kilomètres par match en Angleterre est beaucoup plus élevée. Cela ne veut pas dire que c’est mieux, c’est juste complètement différent.
Avez-vous l’impression d’avoir progressé ?
Dans l’effort, je me sens meilleure qu’avant. Je me suis rendue compte qu’il en fallait beaucoup plus, alors qu’en France je pouvais compenser par le positionnement. Ici, il faut chasser, presser, tout le temps. Musculairement, j’ai beaucoup progressé et on peut voir la différence : je me sens beaucoup mieux dans mon corps. Il fallait rivaliser avec les Anglaises, donc il a fallu travailler individuellement. Je n’avais pas signé en Angleterre pour retrouver ce que j’avais connu en France.
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Mais les Anglais sont très ouverts et savent vous mettre à l’aise. En un mois au club, j’avais l’impression d’y être depuis dix ans. On a deux assistants, un coach mental, deux kinés, un masseur, un docteur. Les staffs sont un peu plus élargis et en termes d’infrastructures, on est dans un centre immense. On a trois salles de gym, un terrain synthétique couvert… C’est l’Angleterre, quoi ! C’est le pays du football, qui investit énormément d’argent.
Un contrat record à 7 millions de livres par an (8,1 millions d’euros) vient d’être signé pour les droits télé. Va-t-il faire basculer le Championnat dans une autre dimension ?
« Quand vous mettez de l’investissement, vous attirez forcément de grosses joueuses et quand vous avez de grosses joueuses, vous obtenez de la visibilité »
On a des clubs qui investissent énormément, qui sont 100 % professionnels. Les moyens sont là et ça attire des grands noms comme Pernille Harder ou Sam Kerr. Cela se développe à une vitesse incroyable. Peut-être que les droits télé sont aussi assimilés à l’organisation de l’Euro 2022 en Angleterre. Quand vous mettez de l’investissement, vous attirez forcément de grosses joueuses et quand vous avez de grosses joueuses, vous obtenez de la visibilité. C’est le monde du football.
Ce développement va-t-il conduire à court terme à la formation d’équipes capables de rivaliser avec le PSG et surtout Lyon en Europe ?
C’est certain. Mais attention, Lyon s’est construite en de nombreuses années et c’est ce qui a toujours fait leur force. C’est une grosse ossature qui se connaît par coeur. Quand vous avez de gros investissements comme à Chelsea ou Manchester City, cela prend du temps. Il va falloir trouver les clés pour construire des automatismes. Mais à court terme, sur deux ans, des équipes comme celles-ci vont devenir très, très, très fortes.
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Pour autant, la quasi-intégralité des internationales anglaises jouent en Angleterre, malgré l’afflux de stars étrangères…
Ce sont des joueuses qui ont signé pour ces clubs quand ce n’était pas encore le Chelsea d’aujourd’hui ou l’Arsenal d’aujourd’hui. Elles sont en train de voir leur Championnat changer complètement, donc elles ont décidé de rester, et c’est logique.
Avec AFP
Photo © Instagram Kenza Dali