Exaspérées par l’arrêt de la D2 féminine qui a été acté par le gouvernement jeudi 4 mars, plusieurs joueuses ont lancé une pétition à l’initiative du club d’Yzeure la semaine dernière pour demander la reprise de leur championnat dès le 18 avril. Soit la date initialement annoncée par la Fédération en février. La rédaction de Footeuses a décidé de partager la pétition qui a recueilli près de 1000 signatures en sept jours, libre à vous de la signer :
Nous, joueuses de D2F, exigeons la reprise de notre championnat au 18 avril comme initialement prévu !
Nous, joueuses de football évoluant dans le Championnat de France de 2ème Division, que nous soyons professionnelles, semi-professionnelles, amatrices (défrayées ou pas) nous entrainons toutes entre 5 et 8 fois par semaine. Condition sine qua non pour évoluer à un tel niveau ! C’est avec engagement, passion, sérieux et détermination que nous pratiquons ce sport.
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Plusieurs d’entre nous sont internationales, françaises ou étrangères, et sont très fières de représenter leur pays d’origine dans les compétitions internationales. Certaines ont déjà disputé des Coupes du Monde, des JO, d’autres préparent les prochains JO de Tokyo.
Depuis le mois d’octobre, notre championnat est à l’arrêt alors que dans le même temps les 3 premières divisions masculines de football ont repris (Ligue 1, Ligue 2 et National 1) contre seulement la 1ère division chez les femmes. Soit 58 équipes d’hommes contre 12 équipes de femmes !!!
Où est l’égalité entre les sexes dans le Football en France ?
Notre championnat est à l’arrêt, pourtant nos amies de D2F du Basket et du Hand ont repris et si nous en sommes très heureuses pour elles, nous nous posons la question de l’égalité entre les sports !
Notre championnat est à l’arrêt, pourtant nos amies de la D2F en Espagne, Italie et Angleterre continuent à jouer !
Où est l’égalité au sein de l’Union Européenne ?
Après des mois de lobbying et de lutte, nos dirigeants, que nous remercions, avaient enfin obtenu le 19 février de la part du ministère des sports et de la FFF une autorisation de reprise de notre championnat au 18 avril et une possible reprise de la Coupe de France Féminine en mars. Les matches en retard avaient même été programmés. Ces deux super nouvelles ont mis fin à des mois d’incertitudes, de doutes et de déprime pour certaines. L’euphorie et la joie de reprendre la compétition nous ont galvanisées !
Joie de courte durée, le 3 mars la Ministre des sports revenait sur sa décision et prononçait un arrêt de notre championnat qui, comble de l’absurde, n’avait pas encore repris ! Et deuxième coup de massue, le lendemain le président de la FFF prenait acte de la décision ministérielle !
« Un yoyo émotionnel »
Ce yoyo émotionnel a eu et a toujours un effet dévastateur sur notre motivation mais aussi sur notre santé mentale ! On joue autant avec nos nerfs que notre avenir ! Nous nous attendions à un vrai soutien de la part de la Ministre des Sports et certainement pas à un coup de poignard après nous avoir accordé le droit de rejouer ! Du Président de la FFF nous attendions qu’il défende avec vigueur ses joueuses au lieu de subir sans aucune réaction une décision inique ! Alors pour justifier l’injustifiable on nous objecte que :
1- « la situation épidémique est catastrophique » : bizarrement le virus n’est problématique que pour les femmes de D2 mais pas pour les hommes. Et ce alors que nous avions à suivre le même protocole sanitaire !
2- « vous n’êtes pas des joueuses de haut niveau » : le nombre de joueuses internationales A et jeunes françaises et étrangères ou inscrites sur les listes de haut-niveau s’élève en D2F à 180 !
3- « vous n’êtes pas professionnelles » : le nombre de joueuses vivant du football s’élève pourtant en D2F à 250 ! Sans oublier que nous sommes 600 à vivre notre passion au quotidien, à nous investir tous les jours à haute intensité, à avoir un investissement de professionnelles mais sans la reconnaissance, ni les moyens !
Que d’injustices, que de sexisme !! Nous voulons être reconnues à la hauteur de notre investissement !
N’étant pas à une injustice près, la Coupe de France pour les femmes a elle-aussi disparu en catimini, sans aucune annonce, comme si elle était quantité négligeable ! Ministère des Sports et FFF sont peu enclins à défendre le Football pratiqué par les femmes. Oublient-ils que la D2 est l’antichambre de la D1 et donc des équipes de France, que beaucoup de joueuses de D1 sont passées par la D2, que le Football Féminin Français repose en grande partie sur la formation effectuée par les clubs de D2
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Ne pas reprendre le championnat de D2 c’est exposer le Football Féminin Français à des dégâts irréversibles et irrattrapables tant au niveau de nous, les joueuses, que de nos clubs qui sont mis en péril. Le 18 avril est encore loin, il est donc encore temps de limiter les dégâts ! Nous n’accepterons pas, nous n’accepterons plus ce sexisme ordinaire qui nous relègue systématiquement au second plan ! Il en va de notre avenir !
Nous, joueuses de D2, exigeons la reprise de notre championnat au 18 avril comme initialement prévu !