Peu après la révélation de la retraite internationale d’Amel Majri et à trois jours de la communication d’une nouvelle liste de l’équipe de France, Sandie Toletti a annoncé, à la surprise générale, sa fin d’aventure avec les Bleues. Jusqu’au bout, elle aura surpris son monde et manquera à l’équipe.
Il y a les statistiques mais aussi ce que les chiffres ne montrent pas. Sandie Toletti, qui a annoncé prendre sa retraite internationale ce 13 octobre et elle va incontestablement laisser un vide en sélection. Parce qu’à 30 ans seulement, elle était un pilier du jeu, dans ce rôle parfois ingrat de milieu relayeur. Ce poste qui ne marque pas forcément souvent mais fait gagner des matchs. Il faut commencer par là d’ailleurs. Sandie Toletti, c’est 72 matchs chez les Bleues, pour 60 victoires, 6 nuls et 6 défaites. 83% de succès. Sa première défaite avec la France n’est tombée qu’à sa 41e sélection…
Alors qu’elle était revenue en force en sélection à partir de 2021, il est amusant de constater que certaines des déconvenues de l’équipe depuis se sont d’ailleurs produites sans elle. La finale de la ligue des nations 2024 perdue sèchement 2-0 contre l’Espagne ? Elle était sur le banc. La défaite surprise en Irlande quelques mois plus tard ? Pareil. Et ce fichu quart de finale de l’Euro 2025 contre l’Allemagne ? Oui, encore sur le banc.
« Non, Sandie Toletti ne faisait pas tout. Mais elle faisait beaucoup. »
Non pas que la joueuse du Real Madrid, devenue vice-capitaine des Bleues pour cette compétition, faisait tout. Mais elle faisait beaucoup. Dans un jeu efficace, épuré, tourné vers le collectif, celle qui a disputé 62 matchs sous le maillot bleu dans les sélections jeunes (!) était devenue particulièrement précieuse au fil du temps.
Pourtant, après ses débuts en sélection A, en 2013 alors qu’elle était encore U19, Toletti a mis du temps à confirmer. Incontournable à Montpellier, elle connaît ses trois premières titularisations chez les A de l’équipe de France fin 2016 – début 2017, puis sort des radars. À l’été 2020, c’est le basculement, avec une décision forte et un virage réussi : la milieu de terrain quitte le MHSC, plus de 150 matchs derrière elle, et rejoint Levante, traversant la frontière qui lui faisait de l’œil. La réussite sera vite là.
Les chiffres donnent un peu le vertige : Toletti rejoue enfin avec l’équipe de France le 20 février 2021, 1 254 jours après sa dernière sélection. Puis, après un superbe exercice avec Levante, elle retrouve en août la Ligue des championnes. 1 246 jours après son dernier match dans cette compétition. En y brillant rapidement. Enfin, le 22 octobre de cette même année, elle marque un but, anecdotique contre l’Estonie. Mais il s’agit de son premier en sélection, 2 919 jours après sa première cape…
Buteuse en finale de l’Euro U19
À partir de ce moment, plus de doute. La native de Bagnols-sur-Cèze prend de l’importance dans le onze de départ, du haut de ses 26 ans. Sans jamais faire de vagues, en travaillant, en mettant les autres en avant. Ce qu’elle a toujours fait en club comme en sélection. Ayant réussi dans cette dernière à devenir championne du monde U17 en 2012, en marquant le premier tir au but en quart puis en finale contre la Corée du Nord. Et ensuite à être sacrée championne d’Europe U19 en 2013, en ouvrant le score lors de la prolongation en finale contre l’Angleterre…
Chez les « grandes », l’ex Montpelliéraine a accroché deux Tournois de France (2022 et 2023) et était bien là en 2017 quand les Bleues ont remporté la She Believes Cup. Elle était titulaire lors du retentissant succès 3-0 aux États-Unis contre les États-Unis.
Pour couronner le tout, Sandie Toletti quitte la sélection en ayant marqué pour son dernier match en équipe de France, le jour de son anniversaire, le 13 juillet dernier, contre les Pays-Bas. Une réalisation qui lui avait donné un grand sourire et provoqué le bonheur de toutes ses coéquipières.
« Ce n’est jamais facile de dire adieu à quelque chose qui a tant compté. » C’est valable pour la joueuse, comme pour ceux qui ont tant aimé la regarder jouer dans ce maillot bleu. Bon vent Sandie !
Jérôme Flury
Photo ©Antoine Andreani/Footeuses