Dès l’annonce des sélectionnées, les sources d’interrogations étaient nombreuses : face aux absences multiples, la sélectionneuse décidait en effet de choisir un nombre conséquent d’attaquantes de métier. Au final, le match contre la Serbie n’a pas surpris : les Bleues ont gagné sans maîtriser.
Impossible de se mettre à la place de Corinne Diacre et compliqué de dresser une liste d’internationales alors que de nombreuses cadres sont actuellement indisponibles. Toutefois, ce match de qualification pour l’Euro 2021 face à la Serbie a posé plus de questions qu’il n’en a résolu. Quel est le plan de la sélectionneuse ?
Certes, ces deux rencontres qualificatives contre la Serbie et la Macédoine du Nord sont largement à la portée des Bleues, bien que se disputant à l’extérieur. Corinne Diacre peut donc profiter de ces rencontres de rentrée pour effectuer des tests et introduire de nouvelles joueuses. Mais l’essai tactique réalisé contre la Serbie sera compliqué à réappliquer dans l’avenir. Grâce à leurs qualités individuelles, les Françaises l’ont emporté sans forcer, le score final étant atteint au bout d’un quart d’heure de jeu. Ce qui n’est pas une conséquence du dispositif finalement choisi.
Des buteuses alignées dans des rôles pas habituels
Au coup d’envoi, 4 véritables attaquantes étaient alignées. Kadidiatou Diani, explosive sur le côté et en forme étincelante avec le PSG, Delphine Cascarino, une des joueuses les plus en vues ces dernières semaines avec l’OL, Marie-Antoinette Katoto, véritable numéro 9 parisienne et Eugénie Le Sommer, encore buteuse en finale de la Ligue des Championnes avec Lyon. Pourtant, le choix de Diacre a été d’aligner Le Sommer et Katoto au milieu. Une grande première pour cette dernière et un nouveau casse-tête pour Le Sommer, dont le « positionnement » avait été si décrié par la sélectionneuse après l’élimination en quart du mondial 2019. Corinne Diacre semble toutefois être en bonne entente avec les deux joueuses, alignant d’entrée la Parisienne et donnant le brassard de capitaine à la deuxième.
Dès l’annonce de la liste, les deux joueuses figuraient dans les « milieues » alors qu’un nombre conséquent d’attaquantes étaient appelées. Mais dans les deux cas, cela laisse une impression de frustration. Pour Katoto déjà, qui est une buteuse hors pair, comme elle l’a rappelé dès la première journée de championnat. Pour Le Sommer également qui, en plus de viser actuellement le record de buts en sélection, venait juste d’être alignée dans l’axe de l’attaque de l’OL en finale de Ligue des Championnes et semble véritablement être à son poste à gauche de l’attaque… devant Amel Majri. Or, lors de cette rencontre face à la Serbie, ce flanc gauche désormais 100% OL, Sakina Karchaoui – Amel Majri – Eugénie Le Sommer, s’est donc retrouvé un peu perturbé et l’entente magique entre Majri et Karchaoui n’a pas aussi bien marché que sur les derniers matchs.
Quid de Gauvin ou Clémaron, les joueuses d’Everton ?
Plusieurs questions se posent sur l’allant offensif de cette équipe de France : Kadidiatou Diani a, par exemple, à maintes reprises fait la démonstration de sa puissance et de ses qualités techniques, sans parvenir pour autant à faire la différence dans l’axe, là où est régulièrement titularisée par la sélectionneuse Valérie Gauvin. Avec ses qualités de tête et de reprises et face aux grandes potentialités de centres offertes par Majri et Cascarino notamment, cette dernière aurait pu être un bon choix durant la rencontre. Surtout, le nombre de joueuses à vocation offensive au coup d’envoi risquait de causer du tort à la maîtrise du jeu au milieu : cela s’est vérifié face à une équipe serbe qui, après un mauvais début de rencontre, a tout de même réussi à développer quelques séquences en seconde période et surtout à franchir cette ligne du milieu.
Charlotte Bilbault était finalement la seule véritable milieue de formation dans le 11 de départ. Un vrai risque. Malgré les absences de joueuses comme Amandine Henry ou Geyoro, Corinne Diacre pouvait compter sur Maéva Clémaron (rentrée à deux minutes de la fin de la partie) ou Kenza Dali pour avoir plus de densité au milieu. Face à des Serbes moins douées techniquement (58% de passes réussies), les Françaises n’ont jamais douté, mais la majorité de leurs attaques sont restées brouillonnes et si la gardienne adverse ou les montants ont empêché les Bleues d’alourdir le score, ce 2-0 est finalement assez représentatif et symbolique alors que cette équipe de France avait rarement compté autant de buteuses sur la pelouse.
Un milieu porté vers l’attaque, devant une défense en rodage
Encore une fois, ce match n’était pas source d’inquiétude, mais quelle est la stratégie sur le long terme ? Alors que Gaëtane Thiney avait rappelé qu’elle était toujours sélectionnable et que d’autres milieues toquent à la porte, comme Kheira Hamraoui dont la non sélection a fait couler de l’encre, Corinne Diacre a préféré appeler peu de joueuses au milieu et en a aligné encore moins lors de ce match de qualification.
La défense était entièrement à repenser, avec les absences de Renard, Tounkara, M’Bock Bathy… La paire Estelle Cascarino – Elisa De Almeida dans l’axe n’a pas respiré la sérénité, ce qui n’est pas surprenant puisque ces joueuses ont rarement évolué dans cette équipe. Et face à l’annonce de Sarah Bouhaddi qui souhaite se mettre en pause de la sélection, c’est Peyraud-Magnin (5 sélections) qui se retrouve numéro 1. Devant cette défense qui se cherche sans doute encore un peu, il pourrait être intéressant d’aligner un milieu un peu plus dense et expérimenté. Face à la Serbie, cela n’a pas eu de conséquences. Mais peu de leçons semblent donc pouvoir être tirées de la rencontre. Si ce n’est que sur les quatre attaquantes d’habitude prolifiques en club et alignées dans le onze de départ, aucune n’a trouvé le chemin des filets ce 18 septembre.
Jérôme Flury