À 37 ans, Tobin Heath met officiellement un terme à sa carrière. Après treize ans au plus haut niveau, la milieu de terrain offensif américaine, double championne du monde et double médaillée d’or olympique, laisse derrière elle une trace indélébile dans l’histoire du football féminin.
Une carrière couronnée de titres
Tobin Heath, c’est d’abord un palmarès impressionnant. En sélection, elle compte 181 capes, 36 buts et 42 passes décisives sous le maillot de l’USWNT. Membre incontournable de la génération dorée américaine, elle a remporté deux Coupes du Monde (2015 et 2019), deux médailles d’or olympiques (2008 à Pékin et 2012 à Londres), et une médaille de bronze aux Jeux de Tokyo en 2021.
En club, elle s’est illustrée principalement en NWSL avec les Portland Thorns, avec qui elle a remporté le championnat en 2013 et 2017 et le NWSL Shield en 2016. Elle a aussi évolué en Europe, notamment au Paris Saint-Germain, à Manchester United, à Arsenal, et plus récemment à OL Reign (Seattle Reign FC).
Une artiste du jeu
Ce qui a fait de Tobin Heath une icône, c’est aussi son style. À l’opposé du jeu mécanique ou stéréotypé, elle a toujours apporté une touche artistique au football. Conduite de balle fluide, dribbles déroutants, gestes techniques imprévisibles : Heath jouait avec audace et élégance.
Je n’ai jamais joué pour devenir célèbre ou pour que les gens s’intéressent à moi. Je jouais juste parce que j’adorais ça.
confie-t-elle dans The RE-CAP Show, le podcast qu’elle co-anime avec sa femme Christen Press.
Son amour du jeu se voyait à chaque contact avec le ballon. Pour beaucoup de jeunes footballeuses, elle fut une source d’inspiration, à la fois par sa créativité et sa détermination.
Une fin de carrière marquée par les blessures
Si Tobin Heath n’avait plus foulé les terrains depuis août 2022, elle n’avait jamais officialisé sa retraite jusqu’à ce 11 juillet 2025. Victime d’une grave blessure au genou, elle a tenté pendant des mois de revenir, avant d’accepter l’évidence.
Au cours du Nouvel An, j’ai en fait accepté pleinement que je n’allais pas jouer, ce qui a pris deux ans, certains pourraient dire trois ans, pour être accepté. […] J’ai tout essayé pour revenir ; j’ai dépensé des dizaines de milliers de dollars et subi deux opérations, dont une complètement folle. Et pendant tout ce temps, j’ai cru que j’allais revenir. C’était écrit sur le mur ; je ne pouvais tout simplement pas accepter, je crois, que ce soit ma fin.
s’est exprimée Tobin Heath dans The RE-CAP Show,
Plusieurs interventions chirurgicales n’auront pas suffi à effacer les douleurs. En paix avec sa décision, Heath tourne une page, mais pas sans émotion.
Une voix engagée
Elle n’a pas été vue sur le terrain depuis trois ans, durant lesquels elle a collaboré à divers projets via sa marque Re—Inc, participé au lancement du World Sevens Football et été la seule femme membre du groupe technique de la FIFA pour la Coupe du Monde des Clubs masculins de cet été.
Au-delà du football, Tobin Heath est aussi reconnue pour son engagement. Que ce soit pour la promotion du football pratiqué par les femmes, la visibilité des athlètes LGBTQ+, ou l’égalité salariale, elle n’a jamais hésité à prendre la parole.
Avec sa femme et joueuse Christen Press ainsi que ses ancienne coéquipières Megan Rapinoe et Meghan Klingenberg, elle a cofondé la marque Re—Inc. Cette entreprise milite pour un monde plus inclusif à travers la mode, le sport et la culture. Principalement animée avec Christen Press, ensemble, elles poursuivent aujourd’hui leur parcours sur un autre terrain : celui de la parole et de la transmission.
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Un héritage immense
Tobin Heath ne rejouera plus au niveau professionnel, mais son empreinte restera. Elle fait partie de cette génération qui a permis au football féminin de franchir un cap, en termes de popularité, de professionnalisation et d’influence.
Sa liberté, sa vision, sa passion du beau jeu ont conquis des fans du monde entier. Une joueuse exceptionnelle, à la fois technique et instinctive, qui a su faire rimer talent et humilité.
Lucie Espias
Photo © Sky Sports
