Dire que Lyon n’a pas été vernis en héritant de la Juventus en Ligue des champions serait un euphémisme. Face aux quintuples championnes en titre déboulait la meilleure équipe d’Italie. Un club fondé en 2017 et déjà couronné à trois reprises. La dernière défaite de la Vieille Dame datait du 25 septembre 2019 contre Barcelone en seizièmes de finale de C1. Depuis, elle restait sur 27 matches sans défaite. Si cette série a pris fin dans les derniers instants de la rencontre contre Lyon, la Juve peut se satisfaire d’avoir bousculé la plus grande équipe d’Europe.
Un bloc équipe regroupé dans l’axe
Positionnées dans un 4-4-2 à plat, les Turinoises ont fait le pari de s’arc-bouter dans l’axe. Quitte à ouvrir des brèches dans les couloirs. Cette tactique aurait pu s’avérer suicidaire eu égard aux qualités des Lyonnaises sur les ailes. Karchaoui et Majri à gauche, Carpenter et Cascarino à droite, ces deux doublettes ont d’ailleurs profité des espaces pour créer des décalages et apporter le danger à de multiples reprises. Mais leurs centres n’ont jamais trouvé preneuse. La faute à une concentration d’Italiennes dans l’axe, lesquelles ont muselé Parris et annihilé les montées des milieux. Les joueuses de Rita Guarino ont donc fait le choix de plier, voire de rompre sur les côtés, considérant que le combat était perdu d’avance, pour mieux protéger la gardienne Giuliani.
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Les ailières Bonansea et Cernoia ont peiné à contenir les débordements incessants de Karchaoui et Carpenter. C’est d’ailleurs après une faute de Bonansea à l’extérieur de la surface sur Karchaoui que Lyon a obtenu un penalty à la demi-heure de jeu. L’essentiel était ailleurs : les deux milieux axiales se devaient de protéger l’axe coûte que coûte pour empêcher Marozsan, Kumagai ou encore Gunnarsdottir d’apporter le surnombre. Mission réussie tant ces dernières n’ont pas existé en première période. Enfin, lorsqu’une milieu s’exilait sur un côté, ce fut au tour du duo d’attaque Hurtig et Girelli de prendre le relais. La Suédoise, auteure d’un abattage exceptionnel, a réalisé des retours salvateurs en plein coeur de la surface (23e et 53e) afin de rasséréner ses partenaires.
Faire mal en contre
Pour inquiéter Lyon, bien défendre ne suffit pas. Pendant près d’un quart d’heure, on s’attendait à assister à une énième Masterclass des protégées de Jean-Luc Vasseur. Justesse technique, domination athlétique, vitesse d’exécution, tous les ingrédients était savamment réunis. Mais l’orage n’aura duré que quelques minutes. Par la suite, les Turinoises ont exploité les failles de Lyonnaises trop portées vers l’avant. Les montées de Karchaoui et Carpenter n’ont jamais été compensées. Résultat : Bonansea est passée dans le dos de la première et a eu tout le temps d’ajuster un centre vers Hurtig qui allait ouvrir le score en devançant la seconde (16e).
Les championnes d’Italie se sont projetées vers l’avant en nombre dès qu’elles en ont eu la possibilité. Imitant le PSG lors du Classique, elles ont aussi utilisé les déplacements des deux attaquantes entre les latérales et les centrales. C’est de cette manière qu’elles ont provoqué le contre son camp de la malheureuse Buchanan. Sur l’action, Bonansea a effectué une percée dans l’axe avant de décaler Hurtig qui avait pris l’espace entre Buchanan et Carpenter. Son centre allait ensuite être dévié dans la cage de Sarah Bouhaddi. Tout cela n’aurait jamais pu être possible sans le jeu en pivot de Girelli. Car la numéro 9 a monopolisé l’attention de Renard et Buchanan et a pu libérer d’importants espaces dans le dos de la défense.
Défendre en zone sur les coups de pied arrêtés
La Juve était prévenue : Lyon est redoutable sur les phases statiques. La Vieille Dame en avait fait l’amère expérience cet été en match amical. Renard et Buchanan avaient toutes deux trouvé le chemin des filets sur corner. Ce mercredi, la première occasion du match augurait d’une bis repetita. Les 22 actrices n’étaient entrées sur le pré que depuis deux minutes lorsque Gunnarsdottir s’éleva plus haut que tout le monde et obligea Giuliani à se détendre. Mais excepté cette envolée liminaire, les Bianconeri ont limité les dégâts, à défaut d’être totalement sereines.
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Pour cela, elles ont fait le choix de défendre en zone, avec une position moyenne très rapprochée de la gardienne. Si Giuliani a été impériale sur sa ligne, à l’image de ses deux parades en première période pour détourner une tête puis une frappe de Gunnarsdottir, elle s’est montrée fébrile sur ses sorties aériennes. C’est d’ailleurs le principal point faible de la plupart des portières aujourd’hui. Ainsi, une défense en zone permet de caparaçonner le dernier rempart et de pallier son absence d’assurance dans les airs. Il en fallait plus pour empêcher Renard de frapper. La capitaine des Fenottes n’aura pas marqué de la tête, mais du pied droit sur penalty.
Mickaël Duché