Ce Mondial 2023 est décidément plein de surprises. L’une des plus globales est la force nouvelle des sélections africaines, longtemps dans l’ombre sur la scène internationale du football féminin.
Nigeria, Afrique du Sud, Maroc. Trois équipes africaines se sont qualifiées pour les matchs à élimination directe de la Coupe du monde féminine, un fait totalement inédit dans l’histoire. Une sensation que personne n’avait réellement vu venir. Et pourtant, force est de constater que ces trois sélections ont largement mérité ce billet et font rayonner l’Afrique.
Le Nigeria a impressionné
Le Nigeria, placé dans le groupe A, est invaincu après trois rencontres, contre le pays hôte australien (victoire 3-2), l’Irlande (0-0) et le champion olympique canadien (0-0). Trois adversaires très différents face auxquels les Nigérianes ont su imposer leur force et leur endurance. L’Afrique du Sud a créé la sensation. Après un bon départ mal récompensé (défaite 2-1 à la 90e contre la Suède, avec un but refusé en première période), l’équipe a pris un point contre l’Argentine (2-2). Avant de transformer l’essai contre l’Italie. Menée dès la 11e minute, l’Afrique du Sud a renversé la sélection européenne (3-2). De quoi accrocher la deuxième place du groupe G.
L’énorme surprise Maroc
Enfin, le Maroc a aussi bluffé son monde. La sélection guidée par Reynald Pedros avait pourtant subi un des cartons du Mondial pour son premier match (6-0 contre l’Allemagne). Mais les Marocaines ont montré beaucoup de courage et d’envie pour battre successivement Corée du Sud et Colombie.
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De quoi prendre ainsi 6 points pour sa première participation à la compétition. Et coiffant l’Allemagne pour la qualification ! Même la modeste Zambie, qui a subi deux défaites terribles (5-0 contre le Japon puis l’Espagne) a réussi l’exploit de battre le Costa Rica pour finir. Ces résultats sont inédits pour le continent.
Une longue montée en puissance
En 1991 lors du premier Mondial, le Nigeria était le seul participant africain et sortait d’entrée après trois défaites. C’était à peine mieux en 1995, avec un match nul pour les Nigérianes. En 1999 cependant, toujours seul participant venu d’Afrique, le Nigeria terminait 2e d’un groupe comprenant aussi les États-Unis. L’équipe n’était éliminée qu’en quarts au bout du suspense avec un but en or du Brésil (4-3) !
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En 2003 l’Afrique était représentée par le Ghana et l’incontournable Nigeria, tous deux éliminés en poules. Les deux mêmes ne remportaient aucun match quatre ans plus tard. En 2011 le Nigeria était accompagné de la Guinée équatoriale mais les deux sélections sortaient également d’entrée. En 2015, l’Afrique comptait pour la première fois trois représentants. La Côte d’Ivoire perdait ses trois matchs. Le Nigeria terminait dernier d’un groupe relevé malgré un match nul. Mais le Cameroun créait la sensation. Avec deux victoires, dont l’une sur la Suisse, la nation se hissait en huitièmes mais était éliminée par la Chine 1-0.
75%
L’Afrique est le continent qui a le meilleur taux de qualifications pour les huitièmes au nombre de pays engagés. L’Europe est à 66,7% (8 pays sur 12).
En 2019, l’Afrique du Sud ne franchissait pas le premier tour. Mais Nigeria et Cameroun finissaient dans les meilleurs troisièmes de groupe. Avant d’être sèchement éliminés par Angleterre et Allemagne 3-0. Cette année, l’Afrique compte pour la première fois trois représentants au stade des huitièmes. Et ira encore plus loin ?
Certes, les Pays-Bas (contre l’Afrique du Sud), la France (pour le Maroc) et l’Angleterre (Nigeria) sont de coriaces adversaires. Cependant, la rage de vaincre des sélections africaines pourrait bien leur permettre de créer une surprise de plus. Deux sélections européennes ont déjà perdu contre des équipes d’Afrique dans cette Coupe du monde un peu folle.
Dans le même temps, l’Asie est en échec. Seul le Japon a brillamment tenu son rang. Dans le même temps, Corée du Sud, Philippines et Viêt Nam terminaient derniers de leur groupe et la Chine prenait à peine 3 points. Décidément, quelque chose est en train de changer sur la carte mondiale du foot féminin.
Jérôme Flury
Photo ©Banyana_Banyana