Léa Wioland, le futsal passionnément

Léa Wioland, joueuse de football de 28 ans et également psychologue clinicienne et psychothérapeute la semaine, est une des cadres de l’équipe de France féminine de futsal depuis la création de cette dernière en 2023. Elle revient sur cette aventure pour Footeuses.

Depuis quand faites-vous du football et comment avez-vous réussi à concilier vos études et votre sport ?

« Ma première licence remonte à mes 6 ans. Je jouais souvent avec mon cousin, et ma mère m’a naturellement inscrite dans le club du village (Fessenheim), où j’étais avec les garçons jusqu’à mes 13 ans. Plus tard, j’étais en section sport-études, jusqu’en terminale. Même après à la Fac, cela n’a jamais été un problème. »

Que représente le football dans votre vie ?

« C’est un moment où je peux m’accomplir, me dépasser, partager, vivre des émotions intenses, progresser. Ouvrir mon esprit également, car j’aime bien m’adapter et découvrir des choses. J’aime bien les sports collectifs, mais ça a toujours été le foot et je n’ai jamais pensé faire un autre sport que celui-là. Je n’ai jamais pensé à arrêter non plus. J’y suis resté pour les émotions que je vivais, le niveau auquel je jouais, le fait de gagner des titres. Là, avec l’équipe de France de futsal, c’est encore plus inimaginable d’arrêter. »

« Avec l’équipe de France de futsal, c’est encore plus inimaginable d’arrêter. »

Comment définir l’AS Musau-Strasbourg ?

« C’est vraiment un club familial, nous n’avons pas énormément de moyens mais une structure qui nous permet de bosser du mieux possible, on a un président et un comité qui est derrière nous. »

Comment se passe le quotidien quand on est joueuse et psychologue ?

« Il faut de l’organisation. J’ai à la fois une activité de salariée, à temps partiel dans un institut et j’ai aussi mon activité libérale à 30% et j’ai un jour dans la semaine où je ne travaille pas, cela me sert à prendre du temps pour moi, à m’entraîner encore. Dans mon bureau, sur mon lieu de travail salarié, des collègues ont fait une affiche de moi avec la photo de l’équipe de France et mes horaires de présence, je leur ai demandé de l’enlever parce que je ne voulais pas que les patients y donnent trop d’attention. J’essaye d’être discrète à ce sujet. »

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Comment s’est passé ce projet futsal ?

« J’en ai toujours fait ici, de manière ponctuelle, surtout l’hiver. Quand j’ai dit cela à Clairefontaine, les filles avaient un peu rigolé. A la Musau, on aimait vraiment la pratique, on faisait du futsal, pas que du football en salle. On a gagné le titre de championne d’Alsace, la Coupe Grand Est. On vient de créer une équipe axée futsal cette année, pour s’engager dans le nouveau championnat régional. Ce que j’aime dans le futsal, c’est l’aspect collaboratif, intellectuel, il y a plus de systèmes, de schémas de jeu. L’intensité aussi, car on sort toujours cramé d’un match. Le fait de toucher la balle aussi, il y a toujours des actions de but. »

Dès que l’équipe de France s’est mise en place, le sélectionneur vous a contacté ?

« J’avais entendu qu’une équipe de France féminine de futsal allait être créée. Le coach hésitait à créer l’équipe futsal, par peur de prendre du temps sur le football et je lui ai dit qu’avec la création d’une équipe de France, j’avais envie de jouer. Je l’avais en tête. Quand la première liste était sortie, j’espérais y être mais je ne pensais pas. J’étais en train de faire mes courses quand j’ai vu le mail ! »

« J’étais en train de faire mes courses quand j’ai vu ma convocation chez les Bleues ! »

Comment décririez-vous votre type de jeu ?

« Cela dépend le type de match, mais je dirai que je suis une joueuse assez calme, qui lit bien le jeu. J’aime mettre en lumière mes coéquipières, en donnant une passe décisive, en récupérant un ballon important. J’aime faire des différences aussi, je suis une joueuse disciplinée qui fait beaucoup d’efforts. Je peux aller au duel, mais ce n’est pas ma qualité première. »

Que retenez-vous de cette aventure après plus d’un an dans la sélection ?

« Les émotions qu’on a vécu, l’euphorie du premier match mais également la progression de l’équipe. L’exploit qu’on a réalisé en octobre en nous qualifiant pour le tour élite. Je retiens personnellement que j’ai beaucoup évolué, humainement, futsalistiquement également. »

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Tout est allé vite avec beaucoup de changements dans le groupe mais vous faites partie des cadres, cela représente quelque chose de fort ?

« C’est une forme de fierté, un honneur. C’est un travail récompensé, je suis contente d’avoir l’opportunité de progresser à chaque fois. Car chaque rassemblement nous permet de devenir la meilleure joueuse. La première Marseillaise était particulière, celle en tant que capitaine aussi mais ce sont toujours des moments forts, que j’essaye de vivre avec intensité comme si c’était la première… car peut-être que c’est la dernière à chaque fois donc il faut en profiter. »

Je ne me rends pas particulièrement compte de faire partie de ce début d’histoire, peut-être que je m’en rendrais compte dans quinze ans. »

Victoire des Bleues en Futsal face à l'Ukraine lors des qualifications au mondial

Vous sentez une évolution sur le soutien envers cette équipe ?

« À chaque rassemblement, il y a une émulation, les médias sont là, la FFF diffuse nos matchs. Nous ne sentons pas forcément beaucoup de médiatisation au quotidien, ce qui n’est pas plus mal, cela nous permet de bosser. On sent le soutien et l’intérêt pendant les rassemblements. »

L’Espagne, ça va être costaud !

« Oui, mais c’est génial. Cela va nous permettre de nous mesurer face à ce qui se fait de mieux dans le monde. Et pourquoi pas, de créer la surprise, même sans faire un résultat mais en créant des difficultés à cette équipe. Avec le vivier de joueuses qu’on a et le staff qu’on a, on a la possibilité de faire quelque chose. On espère avoir beaucoup de public pour ce tour élite (du 17 au 23 mars à Besançon). »

Supportrice des Bleues à 15 ans, recrutée par le Diamant…
Léa Wioland adore son sport. A 15 ans, elle était dans les gradins du stade de Mönchengladbach avec une amie et la famille de cette dernière pour supporter la France à la coupe du monde (le 5 juillet 2011, France – Allemagne : 2-4).
Aujourd’hui, ses ambitions personnelles sont surtout tournées vers le futsal. Elle présente aussi une belle carrière sur le gazon, avec des saisons en D1 et D2 avec Vendenheim puis Bischheim. « J’ai aussi joué en avec l’équipe 2 de Sand en Allemagne. Malheureusement, c’étaient les deux années covid. »
En début d’année 2025, après le tournage de cette interview, Léa Wioland a rejoint le club du Diamant futsal. Elle a encore marqué un quintuplé en championnat dimanche 16 février… Avant de retourner au bureau le lundi.

Propos recueillis par Jérôme Flury

Photo ©Jérôme Flury

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