Lluis Cortés, sélectionneur de l’équipe féminine d’Ukraine, a dû fuir le pays après le commencement de la guerre. Il revient sur son périple pour rentrer à Barcelone et donne des nouvelles de ses joueuses.
Le 16 mai 2021, Lluis Cortés montait sur le toit de l’Europe avec le FC Barcelone féminin. Le club catalan écrasait Chelsea en finale de la Ligue des Champions féminine (4-0) et ponctuait son triplé après la Coupe et le Championnat. Neuf mois après, l’Espagnol s’est retrouvé dans une situation dramatique, obligé de fuir la guerre en Ukraine et les bombes russes. Entre temps, l’Espagnol avait été évincé du Barça et il avait pris la tête de la sélection ukrainienne féminine.
« Ce sont les bombes qui nous ont réveillés à 7h du matin. »
Dans un long entretien accordé à So Foot, Lluis Cortés a raconté son périple pour fuir Kiev et rentrer à Barcelone. Un périple qu’il a partagé avec son préparateur physique Jordi Escura. Un périple qui a duré une cinquantaine d’heure au total et qui l’a contraint à traverser une partie de l’Ukraine avant de passer la frontière polonaise. « Ce sont les bombes qui ont réveillé Jordi à 7h du matin. Il est venu frapper à la porte de ma chambre, et il m’a dit : ’Lluis, ils ont commencé.’ Juste après, les sirènes anti-aériennes ont commencé à sonner. On a directement cherché à fuir le pays le plus rapidement possible. En cinq minutes, on était habillés, avec les valises faites et en bas de l’hôtel prêts à partir. C’était la bonne décision car dès le lendemain, il y a eu des bombardements sur Kiev. »
Des avions de guerre et de la tristesse
Durant le trajet, le technicien de 35 ans a eu un aperçu de la guerre et de ses conséquences tragiques. « Dehors, c’était le chaos. Il y avait des gens qui fuyaient à pied avec leurs valises, leurs enfants… Ils essayaient de quitter la ville à tout prix. Il y avait beaucoup de véhicules militaires, des tanks, des avions de guerre qui passaient au-dessus de ta tête en faisant un bruit horrible. C’était la première partie. »
« Ensuite dans le train entre Lviv et la Pologne, on a vu énormément de tristesse et de situations dramatiques. Il y avait des femmes et des enfants, qui avaient laissé leurs parents et leurs maris derrière eux. Vous voyez ça dans les films, mais moi j’étais dans ce train. »
Quid des joueuses ukrainiennes ?
Une poignée de jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la sélection féminine remportait son tout premier trophée. Il s’agissait de la Coupe de Turquie féminine. Lluis Cortés a donné des nouvelles de son équipe. « La majorité des joueuses et du staff sont cachés dans le pays, dans des zones plus rurales et attendent que la guerre passe. Ou bien qu’un couloir humanitaire ouvre pour qu’ils puissent partir. »
« D’autres joueuses sont toujours là-bas et veulent défendre leur pays. La plupart de leurs pères sont partis combattre »
« Certaines joueuses ont réussi à fuir et cherchent des équipes où elles peuvent jouer pour pouvoir envoyer de l’argent à leur famille en Ukraine. D’autres joueuses sont toujours là-bas et veulent défendre leur pays. La plupart de leurs pères sont partis combattre. On a des nouvelles de chacune d’elles tous les jours, pour savoir si elles sont toujours en vie. »
Mickaël Duché
Photo © Lluis Cortés – Twitter