Depuis plusieurs saisons, le football féminin se développe outre-manche. A l’approche de l’Euro 2021, qui se déroulera en Angleterre, les clubs investissent et recrutent, tandis que le championnat se professionnalise. Malgré tout, en coupe d’Europe, les Britanniques semblent marquer le pas.
Maéva Clémaron a les yeux qui pétillent. Dans le documentaire diffusé sur M6 après le dernier match amical des Bleues, « Dans le coeur des Français », la milieu de terrain confie son émotion au moment d’aborder une nouvelle aventure sous le maillot d’Everton cet été. Une équipe qui a terminé à la 10e place sur les 11 clubs de première division anglaise l’an passé. Malgré cela, l’investissement du club est réel. « Quand on a de telles infrastructures », cela signifie quelque chose, explique la Française, qui s’entraîne dans les mêmes locaux que la section masculine, rompue aux joutes de la Premier League.
Saison 2019/2020. Everton a déjà remporté trois matchs sur les cinq premières rencontres, soit autant que sur l’ensemble de la saison précédente. L’équipe est l’un des symboles de la politique menée récemment par la fédération britannique. Le développement et la professionnalisation du championnat a entraîné d’autres sections à se lancer, comme Tottenham et Manchester United, promus en Première division depuis août.
Ce dernier club, bien qu’ayant perdu sa capitaine Alex Greenwood à l’intersaison, partie rejoindre l’Olympique Lyonnais, est ambitieux. Et ne compte pas attendre cinq ans avant de jouer les troubles-fête. Championnes de deuxième division l’an passé, les Mancuniennes rêvent de reproduire le parcours leurs voisines de Manchester City.
Et Manchester, Chelsea ou Arsenal ne sont pas les seuls clubs compétitifs outre-manche. Kenza Dali a ainsi signé à West Ham cet été, équipe finaliste de la Coupe d’Angleterre il y a quelques mois, devant plus de 43 000 spectateurs. La finale de la Coupe se déroule à Wembley depuis 2015 et le succès est grandissant.
Une politique qui porte ses fruits
Ces efforts sont récompensés. La saison a débuté le 7 septembre avec un derby entre Manchester City et Manchester United, devant 31 213 spectateurs. Un record, six fois élevé que la précédente marque ! Et un match serré, remporté 1-0 par le vice-champion d’Angleterre face au promu. Le lendemain, autre derby, à Stamford Bridge, ou Chelsea reçoit Tottenham avec une affluence de 24 564 spectateurs. Des chiffres colossaux, et encore une courte victoire du 3e du dernier exercice face au deuxième promu. Ambiance, écart entre clubs qui se resserre et donc compétitivité accrue, les Anglais semblent avoir trouvé la recette. Sur les 30 premiers matchs, le score le plus large est un 4-0, quand la saison française débutait avec deux cartons 6-0 et 7-0 de l’OL et du PSG. Virginie Phulpin l’expliquait il y a peu sur les antennes d’Europe 1 :
« Le championnat anglais est plus homogène. Quatre ou cinq équipes peuvent gagner le titre (…) Et le suspense semble vital pour installer durablement une passion dans le public. »
-Virginie Phulpin, chroniqueuse.
Cette réussite se retrouve aussi pour la sélection nationale, devenue l’une des plus redoutées au monde. Malheureusement défaites par la Suède dans la petite finale, les Anglaises sont solidement installées sur le podium mondial et ont remporté la She Believes Cup devant les Américaines en janvier dernier.
De premiers doutes à l’échelle continentale
Malgré cela, certains résultats laissent à penser que le football anglais n’est pas encore au sommet. Ainsi, en Ligue des championnes, Chelsea, qui s’est rapproché de la dernière marche avec une demi-finale l’an passé, n’est pas parvenu à décrocher le Graal.
Manchester City a été stoppé par l’Atletico Madrid dès les seizièmes de finale la saison dernière, tandis que les rêves de Chelsea, qui a éliminé le Paris SG, ont été brisés aux portes de la finale par l’Olympique Lyonnais. Un Chelsea qui est apparu bien plus fragile cet été au cours de la Womens French Cup qui s’est déroulée du côté de Toulouse. Deux claques, 5-2 face à Montpellier puis 5-0 contre le Bayern Munich comme un signal à quelques semaines de la reprise.
Au final, les clubs anglais, en progression certaine depuis plusieurs années, ne semblent pas encore être arrivés au niveau des meilleures équipes de France, d’Espagne et d’Allemagne. L’écart s’est resserré, mais n’est pas encore comblé, à moins de deux ans de la prochaine compétition internationale qui se déroulera en Angleterre, l’Euro 2021. Arsenal, de retour cette saison sur la scène continentale, va-t-il faire des miracles ?
Jérôme Flury