Invaincues en championnat d’Angleterre depuis 26 rencontres, nouveau record du club à la clé, les Londoniennes forment un effectif XXL au sein d’un club stabilisé et ambitieux. Championnes en titre, elles aspirent surtout à aller au bout sur la scène continentale.
Qui a dit que l’écart se resserre Outre-Manche ? « Le championnat anglais est plus homogène. Quatre ou cinq équipes peuvent gagner le titre » estimait le 13 septembre 2019 Virginie Phulpin, chroniqueuse d’Europe 1. Et il semblait que cette opinion était des plus pertinentes alors que le championnat anglais se structure et que les clubs le prennent de plus en plus au sérieux. Comment prévoir alors que Chelsea n’allait plus jamais perdre un match de championnat à partir de cette date ? Alors qu’en plus le club de Londres sortait d’un été peu concluant avec des défaites lourdes contre Montpellier et le Bayern Munich lors du tournoi amical de la French Women Cup ?
Pourtant, c’est un fait : Tottenham, Manchester United, West Ham, Everton mais surtout Arsenal ou Manchester City n’ont pas réussi à faire chuter le nouvel ogre du football britannique. Au moment de l’arrêt des championnats, les Londoniennes affamées comptaient 12 victoires et 3 nuls en 15 rencontres, suffisant pour coiffer Manchester City et remporter un 3e sacre national. Ce qui signifie que le club a de nouveau le droit de disputer la Coupe d’Europe, après un an de sevrage, Manchester City et Arsenal ayant été les deux représentants britanniques lors de la campagne 2019-2020.
Étincelles sur la scène continentale
Chelsea s’est révélé sur la scène européenne en 2017-2018, écartant le Bayern de Munich, Rosengard, Montpellier avant de voir son parcours stoppé par Wolfsbourg en demi-finales, tandis que l’autre club anglais de Manchester City tombait au même stade face à l’Olympique Lyonnais. C’est un constat : les clubs anglais, bons par le passé, avec un titre européen pour Arsenal en 2007, avaient peu à peu été relégués dans l’ombre des équipes allemandes et françaises. Ces deux performances de la saison 2017-2018 ont replacé l’Angleterre sur la carte du foot féminin européen.
La saison suivante, Chelsea confirme, élimine Sarajevo, puis balaye la Fiorentina 7-0 au cumul des deux matchs en huitième de finale. Dernier représentant du Royaume, Chelsea tombe sur le Paris Saint-Germain en quarts. Mais joue crânement sa chance et élimine son deuxième club français en deux saisons, 3-2 au cumulé des deux rencontres, pour s’offrir une demie de prestige…face à l’OL. Une fois encore, la marche est trop haute… Mais les anglaises ne s’inclinent que 3-2 face aux Françaises (2-1, 1-1) ce 28 avril 2019. L’équipe qui n’avait jamais franchi les huitièmes de finales vient d’atteindre à deux reprises le dernier carré.
Reines d’Angleterre
Plus d’un an et demi plus tard, les Anglaises ont poursuivi leur progression. En 28 matchs, les joueuses n’ont connu que deux défaites en Coupe, à chaque fois très courtes. Et les grands rivaux du club sur la scène nationale se sont tous cassés les dents contre l’équipe. Arsenal a perdu trois fois, Manchester City deux fois, et seul le nouveau club de Manchester United a sauvé l’honneur, avec une défaite et un nul.
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Pourtant, il faut reconnaître que le championnat devient plus homogène et le vice-champion, Manchester City, est actuellement seulement 5e avec deux nuls et une défaite en six rencontres. Le voisin d’United occupe la tête après 6 journées, deux ans exactement après sa création, tandis qu’Everton, qui peut compter sur sa recrue star, la Française Valérie Gauvin, est déjà 4e.
Malgré cela, Chelsea semble avoir trouvé la formule en Angleterre et reste injouable. Moins offensive qu’Arsenal, mené par une extraordinaire Viviane Miedema, l’équipe fait en revanche preuve d’une belle solidité derrière. Avant d’affronter le rival londonien, Chelsea n’a encaissé que 2 buts en 6 matchs, un contre Manchester United, un contre City, aucun contre Everton, Tottenham, Birmingham et Bristol.
Effectif hyper compétitif
Cela s’explique surtout par un groupe de grande qualité. Si les arrivées de Pernille Harder (Danemark) et Sam Kerr (Australie) en attaque ont fait couler beaucoup d’encre, l’équipe est riche à toutes les lignes. Le milieu fourmille d’internationales et les places de titulaires sont chères entre Guro Reiten, Sophie Ingle (Capitaine du Pays de Galles), Jessie Fleming, Ji So-Yun, Mélanie Leupolz, Jamie-Lee Napier ou encore les Anglaises Niamh Charles, Charlotte Flemming et Drew Spence. Devant, le danger vient de partout, Bethany England, Francesca Kirby et Sam Kerr affichant 3 buts en championnat.
La défense aussi est expérimentée. Les norvégiennes Maria Thorisdottir et Maren Mjelde sont présentes au club depuis 2017, tout comme la suédoise et capitaine Magdalena Eriksson tandis que l’internationale anglaise Millie Bright est dans l’effectif depuis 2014 et qu’Hannah Blundel a été formée au club, débutant en équipe première en 2013. Les joueuses se connaissent et cette stabilité profite à l’équipe.
Enfin, le club est bien organisé. À la tête d’une équipe de 5 personnes, l’entraîneuse principale, Emma Hayes, est à Chelsea depuis 2012. Coach de la saison l’an passée, elle a un palmarès qu’on ne présente plus, dont la seule Ligue des championnes britannique, remportée en tant qu’assistante avec Arsenal en 2007. Elle a officié aux Etats-Unis et est respectée et admirée par son équipe.
Nulle doute que le club fera figure d’épouvantail cette saison en Ligue des Championnes et fortes de ce nouveau statut, les coéquipières de l’Australienne Sam Kerr auront à cœur d’aller décrocher cette étoile qui leur manque, dix ans après leur arrivée dans l’élite du foot anglais.
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Jérôme Flury