L’année 2019 a débuté par des records d’affluence, s’est poursuivie par des records d’audience, et se conclut sur une dynamique nouvelle donnée au football féminin. Le mondial en France, très attendu, a tenu toutes ses promesses.
Cette coupe du monde était attendue. Par les fans Français bien entendu, mais même par une bonne partie des observateurs mondiaux. Elle pouvait être la compétition qui allait faire définitivement basculer le football féminin dans une professionnalisation, alors que de plus en plus de clubs s’engageaient dans cette voie.
Au final, les derniers mois ont été exceptionnels pour la discipline. Alors qu’un tout premier ballon d’or féminin avait été décerné en décembre 2018, l’année 2019 a débuté par des records. Le 30 janvier, plus de 48 000 spectateurs se sont réunis pour une rencontre de Coupe de la reine en Espagne, avant de battre le record mondial quelques semaines plus tard. Sans compter les affluences au Portugal, en Italie et surtout en Angleterre. La nouvelle saison de première division anglaise a attiré des foules conséquentes à la rentrée 2019, et la confrontation amicale entre Anglaises et Allemandes a réuni près de 78 000 spectateurs à Wembley en novembre. Des chiffres qui auraient paru fou il y a encore quelques saisons.
Bonnes et mauvaises surprises
D’autres surprises ont émergé, comme la victoire des Bleues en amical face aux Américaines, ou leur non participation à la She Believes Cup en mars, édition remportée par les Anglaises. Et qui aurait pu prédire que Wendie Renard terminerait meilleure buteuse de l’équipe de France à la Coupe du monde ? Des résultats étonnants, il y en a eu au mondial, grâce aux Italiennes ou aux Suédoises notamment.
En D1 féminine, jamais la lutte n’aura été si intense entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais, les deux équipes ne se lâchant pas au classement pendant plusieurs mois. Le Paris Saint-Germain devant toutefois s’avouer vaincu en Coupe de France en février, avant de lâcher le titre quelques semaines plus tard. La Coupe de France est remportée le 8 mai par un Olympique Lyonnais conquérant, face à une vaillante équipe Lilloise, reléguée en D2 quelques jours auparavant.
« L’année 2019 a été une année incroyable pour le football féminin, aussi bien sur le terrain qu’en dehors »
-Sarai Bareman, directrice du football féminin à la FIFA
Cette année 2019 aura été formidable pour le football féminin. Les femmes sont désormais visibles dans ce sport, sur les terrains mais également en dehors. Le nombre de consultantes et de commentatrices augmente, les joueuses star comme l’Australienne Sam Kerr voient enfin leur salaire décoller. Quant à l’intérêt du public et notamment des femmes, il continue d’augmenter. Les meilleures audiences de téléspectateurs de l’année sont d’ailleurs pour les matchs des Bleues au mondial.
Rapinoe et Frappart porte-drapeaux
L’Américaine Megan Rapinoe, qui s’est hissée à un rang de star planétaire et intouchable, en plus de décrocher logiquement le ballon d’or 2019, n’a pas oublié de faire passer des messages, comme dans France Football : « Dans notre cas, la victoire allait permettre au foot féminin – pas seulement américain – de faire un grand pas en avant. Le titre mondial a porté notre combat pour l’égalité dans une autre dimension. » Et son aura à elle a largement dépassé les frontières du sport.
Elle n’est pas la seule femme qui s’est illustrée sur la scène mondiale cette année. La Française Stéphanie Frappart, qui arbitre désormais régulièrement des matchs masculins, a été élue arbitre de la saison et a été au sifflet de très nombreuses rencontres au fil des mois. Elle aussi contribue à faire évoluer les mentalités.
Égalité de salaire entre les sélections nationales en Australie, création de nouvelles compétitions comme le trophée des championnes pour les clubs français, ou le tournoi de France qui fera son apparition en mars 2020, le football féminin est en ébullition. Les récompenses personnelles fleurissent et les records tombent. Ada Hegerberg est désormais la meilleure buteuse de l’histoire de la Ligue des Championnes. Eugénie Le Sommer peut devenir celle de l’équipe de France. Et Christine Sinclair peut faire tomber celui du plus grand nombre de buts inscrits pour une sélection nationale.
Rêve et envie, rien n’est fini
Chez Les Filles aussi aiment le foot, nous avons également profité de cette année exceptionnelle, pour assister à quelques rencontres incroyables comme le 13-0 phénoménal réalisé par les États-Unis en phase de groupe. Ce qui ne nous a pas empêché non plus de suivre la reprise de l’entraînement d’un petit club amateur en Normandie. Ou de poser nos questions à Oriane Jean-François, titrée avec l’équipe de France à l’Euro des moins de 19 ans cet été. Certes, nous aurions rêvé d’un titre de notre équipe de France cette année. Mais cette coupe du monde est loin d’être un échec.
Dans un domaine où nous nous réjouissons de voir la concurrence augmenter, notre petite équipe de bénévoles, qui a un peu évolué durant l’année, continue à faire ce qu’elle aime le mieux, avec une conviction toujours aussi forte: le sport n’a pas de genre. Nous avions débuté 2019 avec l’histoire de la recrue parisienne, la Danoise Nadia Nadim. Son parcours est un de ceux qui continuent à nous inspirer chaque jour. Des inégalités persistent encore et le football féminin et sa médiatisation, certes en progression, mérite toujours plus d’attention. Nous continuerons de notre mieux à couvrir cette histoire, celle de femmes qui ont décidé de vivre la vie qu’elles voulaient, et de faire le sport qu’elles aimaient.
Jérôme Flury